L’histoire

Que s’est-il passé à Lyon en 177 ?

Lugdunum est aux Ie et IIe siècles, la capitale des Gaules, l’une des trois villes de l’Empire Romain dotées d’une cohorte prétorienne. En 177, éclate une persécution qui atteste de la présence d’une communauté chrétienne assez importante.

Le martyre des chrétiens de Lyon en 177 est connu par le récit qu’en a fait Eusèbe de Césarée (265-339), dans son Histoire ecclésiastique, un document fondamental pour la connaissance des trois premiers siècles de l’histoire du christianisme. Eusèbe cite et commente une lettre intitulée « Lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne à leurs frères d’Asie et de Phrygie » sans doute écrite par des contemporains de ces évènements.

Le martyre des chrétiens de Lyon en 177 est connu par le récit qu’en a fait Eusèbe de Césarée

À l’origine, une violente émeute populaire contre les chrétiens leur interdisant l’accès aux lieux publics conduit à de nombreuses arrestations. Dans un deuxième temps, commence la comparution devant le tribunal du légat.

De mars à août 177, 48 chrétiens trouvèrent la mort. De nombreux autres n’eurent pas la force de résister aux tortures et furent libérés après avoir abjuré leur foi. Parmi les martyrs, ceux qui avaient la citoyenneté romaine furent décapités. Ils étaient 24 : 12 femmes et 12 hommes. Ceux-là furent sans doute exécutés non loin du Forum, à Fourvière. Les non-citoyens furent livrés aux bêtes dans l’amphithéâtre des Trois Gaules, sur les pentes de la Croix-Rousse. Ils étaient 6 : une femme, Blandine, et 5 hommes. Enfin, 18 d’entre eux, 9 hommes et 9 femmes, succombèrent aux mauvais traitements en prison. Les cachots dans lesquels ils étaient enfermés étaient probablement situés à proximité du Forum, siège du pouvoir romain.

Grâce à la Lettre, nous connaissons les noms de tous les martyrs : ils sont inscrits sur les murs de la crypte.

Saint Pothin

Parmi les 18 morts en prison, figurait saint Pothin, premier évêque de Lyon, et qui, en tant que responsable de la nouvelle communauté, était la cible principale des persécutions. C’était alors un vieillard de 90 ans. La lettre citée par Eusèbe raconte ses derniers instants :

« Emmené par les soldats au tribunal, il était escorté des magistrats de la ville et de tout le peuple qui poussait contre lui toutes sortes de cris, comme s’il était lui-même le Christ ; il rendit un beau témoignage. Interrogé par le légat sur le dieu des chrétiens, il répondit : « Tu le connaîtras, si tu en es digne ». Du tribunal on l’entraîna sans ménagement et on lui fit subir des souffrances de toutes sortes. Ceux qui étaient près le brutalisaient sans arrêt à coups de poing et à coups de pieds, sans aucun égard pour son âge ; ceux qui étaient loin lui lançaient ce qui leur tombait sous la main ; tous pensaient qu’ils eussent été coupables et impies s’ils s’étaient dispensés de cette grossièreté à son égard. Ils croyaient ainsi venger leurs dieux. Pothin respirait à peine quand il fut jeté dans la prison : deux jours après, il rendit l’âme. »

La lettre ne précise pas la localisation du cachot de saint Pothin, où il rendit son dernier souffle. Au XVIIe siècle, on mit au jour sous le couvent des Visitandines une cavité souterraine aménagée, vestige possible de l’époque romaine. En novembre 1689, la Mère de Riants reçut en songe de saint Pothin un message “d’assistance et de protection pour ceux qui l’invoqueraient là”. Le culte des martyrs et la mémoire de l’événement vont désormais se focaliser essentiellement en ce lieu symbolique.

Aménagé en oratoire, le lieu reçoit la foule des pèlerins. Le “cachot” dans lequel s’agenouilla le Pape Pie VII, est transformé en chapelle. Il y eut plusieurs aménagements successifs au XIXe siècle et le dernier (1877-1893) aboutit à l’édifice souterrain actuel. Il s’agit d’une crypte de près de 100m² avec un pilier central, et, aux murs et à la voûte, des mosaïques évoquant les martyrs. Elle devient alors l’antichambre du “cachot” et accueille les pèlerins.

Pourquoi ce nom d’Antiquaille ?

Au XVIe siècle, l’humaniste Pierre Sala construit une « maison des champs » dans un lieu qu’il nomme lui-même « Anticaille » à cause des vestiges gallo-romains qu’il découvre au fur et à mesure des travaux. Pour situer l’importance du personnage, il suffit de signaler qu’il reçoit, dans cette demeure, le roi François 1er en 1522.